Le dirigeant français et son homologue algérien, Tebboun, affirment qu’ils inaugureront une nouvelle ère qui jettera les bases d’un nouveau partenariat.
Le président français Emmanuel Macron et son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune ont déclaré une “dynamique nouvelle et irréversible de progrès” dans les relations entre leurs nations, concluant une visite de Macron visant à mettre fin à des mois de tensions.
La visite de trois jours qui s’est terminée samedi est intervenue moins de deux mois après que l’Algérie a marqué six décennies d’indépendance après 132 ans de domination française et une guerre dévastatrice de huit ans.
Il est également survenu alors que les puissances européennes se précipitaient pour remplacer les importations énergétiques russes, notamment par des approvisionnements en provenance d’Algérie, premier exportateur de gaz d’Afrique, qui cherche elle-même à étendre son influence en Afrique du Nord et au Sahel.
Dans leur déclaration commune, les deux dirigeants ont déclaré que “la France et l’Algérie ont décidé d’ouvrir une nouvelle ère… jetant les bases d’un partenariat renouvelé exprimé à travers une approche concrète et constructive, tournée vers les projets d’avenir et la jeunesse”.
Lors de la cérémonie de signature, Tebboune s’est adressé à son invité en français et s’est enthousiasmé pour une “visite excellente et réussie… qui a permis un rapprochement qui n’aurait pas été possible sans la personnalité du président Macron lui-même”.
Les relations entre Paris et Alger ont connu des crises à répétition au fil des années.
Ils avaient été particulièrement froids depuis l’année dernière lorsque Macron avait remis en question l’existence de l’Algérie en tant que nation avant l’occupation française et avait accusé le gouvernement de fomenter “la haine de la France”.
Tebboune a rappelé l’ambassadeur de son pays en réponse et a interdit aux avions militaires français de son espace aérien.
Depuis, des relations diplomatiques normales ont repris, ainsi que des survols des bases de l’armée française en Afrique subsaharienne.
“Nouvel accord”
Après avoir juré de “construire un nouveau pacte”, Macron était samedi au foyer spirituel de la musique Rai, visitant un magasin de disques rendu célèbre par le récent tube du même nom du chanteur franco-algérien DJ Snake, Disco Maghreb.
Il a également rencontré des athlètes et des artistes et a fait une promenade quelque peu chaotique dans les rues où la police a lutté avec des badauds qui ont essayé de lui serrer la main ou de prendre des photos.
Vendredi soir, Macron a dîné avec l’écrivain algérien Kamel Daoud et d’autres personnalités d’Oran.
Il avait également rencontré de jeunes hommes d’affaires qui l’interrogeaient sur les difficultés d’obtention de visas pour la France, le déclin de la langue française dans son ancienne colonie et les contentieux entourant le passé douloureux des deux pays.
Macron a annoncé que 8 000 étudiants algériens supplémentaires seraient admis à étudier en France cette année, rejoignant les 30 000 déjà présents dans le pays.
Il a également annoncé la création d’une commission mixte d’historiens pour examiner la période coloniale et la guerre ruineuse de huit ans qui l’a terminée.
Mais en France, les politiciens de gauche et de droite ont été bouleversés par la proposition.
Le chef du parti socialiste, Olivier Faure, a souligné que Macron, en 2017, a qualifié le colonialisme français de “crime contre l’humanité”, et a ensuite remis en question l’existence de l’Algérie en tant que nation avant la période coloniale.
“La légèreté avec laquelle il traite le sujet est une insulte aux mémoires blessées”, a tweeté Faure.
Le leader d’extrême droite Thomas Ménage a tweeté que l’Algérie devrait cesser “d’utiliser son passé pour éviter d’établir de véritables relations diplomatiques amicales”.