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Deux ONG ont porté plainte contre le géant français de l’énergie TotalEnergies pour “complicité de crimes de guerre” pour avoir prétendument aidé à alimenter des avions russes qui ont bombardé l’Ukraine, selon des médias français.
La Darwin Climax Coalition basée en France et le groupe ukrainien Razom We Stand ont remis jeudi le dossier au procureur national antiterroriste, qui enquête sur les allégations de crimes de guerre.
Les deux ONG accusent le géant français de l’énergie d’exploiter un champ gazier utilisé pour fabriquer du kérosène utilisé par les avions russes dans leurs bombardements en Ukraine, notamment lors de l’attentat du 16 mars 2022 contre un théâtre de Marioupol abritant des civils qui a fait environ 600 morts, selon le journal français. Le Monde.
TotalEnergies a rejeté les accusations, les qualifiant de “scandaleuses et diffamatoires”, dans une déclaration au Monde.
Des représentants des coalitions Razom We Stand et Darwin Climax ont confirmé au Monde et à l’AFP avoir porté plainte contre TotalEnergies, alléguant que l’entreprise “contribuait à fournir au gouvernement russe les moyens nécessaires pour commettre des crimes de guerre”.
Jusqu’à récemment, TotalEnergies détenait une participation de 49% dans Terneftegaz, une société qui extrait le gaz du champ de Termokarstovoye dans le nord de la Russie.
Les 51% restants étaient entre les mains de la société russe Novatek, dans laquelle la société française détient également une participation directe de 19,4%.
Une enquête menée en août 2022 par l’ONG basée à Londres Global Witness a révélé que le condensat de gaz du champ de Termokarstovoye de Total avait été transporté à travers la Russie pour y être raffiné avant d’être expédié comme carburéacteur vers des bases aériennes russes près de l’Ukraine.
Ils comprenaient des bases pour les chasseurs-bombardiers russes Sukhoi Su-34. “Les pilotes de ces avions de combat ont été accusés par des experts internationaux et le gouvernement ukrainien de bombardements aveugles de zones civiles, dont une attaque le 3 mars à Tchernihiv, près de Kiev, qui aurait tué 47 civils”, a déclaré Global Witness Research.
Suite à la publication d’un rapport du Monde sur l’enquête de Global Witness, TotalEnergies a indiqué avoir cédé le 18 juillet sa participation de 49% dans Terneftegaz à Novatek.
La France ne peut “condamner l’invasion et rester inactive”
Dans sa déclaration au Monde réfutant les allégations, TotalEnergies a ajouté que les condensats instables produits par Terneftegaz avaient été “exportés à l’étranger” et n’auraient donc pas pu être utilisés par les militaires russes comme carburant pour leurs avions.
Les avocats des deux ONG ont déclaré à l’AFP qu’il était temps de demander des comptes aux multinationales.
“La justice ne doit pas ignorer le soutien indirect mais essentiel des multinationales à l’effort de guerre, et les énormes profits qu’elles continuent de réaliser après l’invasion de l’Ukraine”, a-t-il déclaré.
“La France ne peut pas à la fois condamner l’invasion et rester inactive face aux comportements qui la soutiennent”, ont déclaré les avocats William Bourdon, Vincent Brengarth et Henri Thulliez.
(FRANCE 24 avec AFP)