Les liens avec Alger sont devenus plus importants pour l’Europe en raison de la demande croissante de gaz au milieu de la guerre en Ukraine.
Le président Emmanuel Macron a déclaré que la France et l’Algérie devraient aller au-delà de leur histoire “douloureuse” commune et se tourner vers l’avenir alors qu’il entamait une visite de trois jours dans l’ancienne colonie.
“Nous avons un passé commun complexe et douloureux, et cela nous a parfois empêchés de regarder vers l’avenir”, a déclaré Macron après avoir rencontré jeudi son homologue algérien, le président Abdelmadjid Tebboune.
S’exprimant lors d’une conférence de presse, Tebboune a répondu que la visite avait donné des “résultats encourageants” et qu’il espérait qu’elle “ouvrirait de nouvelles perspectives de partenariat et de coopération avec la France”.
Il a déclaré qu’ils avaient discuté de la manière d’apporter la stabilité en Libye, dans la région du Sahel et dans le territoire contesté du Sahara occidental.
La domination coloniale française en Algérie et l’amère guerre d’indépendance qui s’est terminée en 1962 ont affecté les relations entre les deux pays pendant des décennies.
Les liens avec Alger sont devenus plus importants pour Paris alors que la guerre en Ukraine a augmenté la demande européenne de gaz en provenance d’Afrique du Nord, ainsi que la migration croissante à travers la Méditerranée.
Les nations européennes se tournent vers l’Algérie, le plus grand exportateur de gaz d’Afrique avec des pipelines directs vers l’Espagne et l’Italie, pour mettre fin à sa dépendance aux hydrocarbures russes.
Pendant ce temps, Alger tente de tirer parti de la hausse des prix de l’énergie pour sécuriser les investissements européens.
Macron a tenté à plusieurs reprises de tourner la page avec son ancienne colonie. En 2017, avant son élection, il a qualifié les actions françaises pendant la guerre de 1954-1962 qui ont tué des centaines de milliers d’Algériens de “crime contre l’humanité”.
La déclaration lui a valu la popularité en Algérie mais a été politiquement controversée en France, où vivent plus de quatre millions de personnes d’origine algérienne.
Cependant, il a provoqué une tempête en Algérie l’année dernière lorsqu’il a exclu de présenter des excuses officielles et a suggéré que l’identité nationale algérienne n’existait pas avant la domination française.
Il a également semblé accuser l’élite dirigeante algérienne, qui est toujours dominée par la génération qui s’est battue pour l’indépendance, de réécrire l’histoire de la lutte pour l’indépendance basée sur la haine de la France.
L’Algérie a retiré son ambassadeur pour consultations et fermé son espace aérien aux avions français, compliquant la mission militaire française au Sahel.
Avant de rencontrer Tebboune, Macron a visité un mémorial aux morts de la guerre algérienne et y a déposé une gerbe. Il a déclaré que les deux gouvernements établiraient un comité conjoint d’historiens pour étudier les archives de l’époque coloniale.
Les historiens français disent qu’un demi-million de civils et de combattants sont morts pendant la sanglante guerre d’indépendance de l’Algérie, dont 400 000 Algériens. Les autorités algériennes disent que 1,5 million de personnes ont été tuées.
Le bureau de Tebboune a déclaré en octobre que plus de 5,6 millions d’Algériens avaient été tués pendant la période coloniale.
Des groupes algériens de défense des droits humains ont exhorté Macron à ne pas négliger les abus du gouvernement arrivé au pouvoir après la démission du dirigeant Abdelaziz Bouteflika en 2019.