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Les pourparlers retardés sur l’avenir du Tchad qui, selon la junte au pouvoir, sont un “moment décisif” se sont ouverts samedi, alors même que certains groupes d’opposition ont boycotté la réunion.
Plus de 1 400 délégués du gouvernement militaire, de la société civile, des partis d’opposition, des syndicats et des groupes rebelles se sont réunis à N’Djamena pour le “dialogue national” qui doit durer trois semaines.
Le chef de la junte, le général Mahamat Idriss Deby, a décrit le forum, son idée originale, comme un “moment décisif dans l’histoire de notre pays” après être arrivé en tenue militaire et sous haute sécurité pour ouvrir le forum.
Auparavant, il avait inauguré une statue symbolisant l’unité nationale au palais du 15 janvier dans la capitale, N’Djamena, avant d’inspecter une haie d’honneur, a constaté un journaliste de l’AFP sur les lieux.
“Ce dialogue doit nous permettre de sortir définitivement de l’usage des armes”, a déclaré le porte-parole du gouvernement Abderamane Koulamallah.
Deby a signé un décret en milieu de semaine disant que le forum prendrait des décisions “souveraines” qui seraient juridiquement contraignantes et qu’il agirait en tant que garant.
Le chef de la junte a pris le pouvoir en avril 2021 à l’âge de 37 ans seulement après que son père, qui a régné pendant 30 ans, a été tué lors d’une opération militaire contre les rebelles.
Le chef militaire affirme que les pourparlers devraient ouvrir la voie à des élections “libres et démocratiques” après un règne de 18 mois par la junte, un délai que la France, l’Union africaine (UA) et d’autres l’ont exhorté à respecter.
Le dialogue, qui aurait dû commencer en février, a été frappé par des retards répétés alors que les nombreux groupes rebelles tchadiens, réunis au Qatar, se disputaient leur aide.
Au final, une quarantaine de groupes ont signé un accord le 8 août qui comprenait un cessez-le-feu et une garantie de passage en toute sécurité.
Comment parvenir à une paix durable, réformer les institutions de l’État et garantir les libertés fondamentales pour tous figuraient en tête de l’ordre du jour.
Les comités doivent également rédiger une nouvelle constitution qui sera soumise à référendum.
Alors que plusieurs groupes d’opposition semblaient disposés à donner une chance au forum, certains groupes n’y ont pas participé.
« Biais au préalable »
Le Front pour le changement et la concorde au Tchad (FACT) a boycotté l’événement, qu’il juge “partialisé d’avance” envers la junte militaire.
Le FACT est un groupe d’opposition clé qui n’a pas signé l’accord de paix et qui a déclenché l’année dernière l’offensive dans le nord-est qui s’est terminée par la mort au combat du père de Deby, Idriss Deby.
Wakit Tamma, une large coalition de partis d’opposition et de groupes de la société civile, refuse également de participer, accusant la junte de “violations des droits de l’homme”.
Les opposants au forum sont également contrariés par une indication que Deby pourrait décider de se présenter comme président, après avoir initialement juré de ne pas le faire lors de sa prise de fonction en tant que chef du conseil d’administration.
Succes Masra, leader du parti Transformers, qui fait partie de la coalition Wakit Tamma, a appelé samedi à la résistance civile lors d’un meeting à N’Djamena auquel assistaient plusieurs centaines de partisans et attirant une importante présence policière.
Après les préliminaires samedi, le vrai dialogue commencera dimanche ou lundi.
“Reconstruire le Tchad”
Jeudi, deux chefs rebelles en exil, Timan Erdimi et Mahamat Nouri de l’Union des forces pour la démocratie et le développement (UFDD), ancien ministre de la Défense, sont rentrés au Tchad pour participer au forum.
“Nous avons signé cet accord pour reconstruire le Tchad”, a déclaré à l’AFP Erdimi, chef de l’Union des forces de résistance (UFR).
Le Tchad, l’un des pays les plus pauvres du monde, a subi des soulèvements et des troubles répétés depuis son indépendance de la France en 1960.
Les pourparlers sont confrontés à de grands défis selon les observateurs : la pression du temps et l’absence de deux des plus grands groupes rebelles.
(AFP)