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La France s’est préparée lundi à une grève nationale des transports alors que le gouvernement et les syndicats sont restés dans l’impasse face aux grèves dans les dépôts pétroliers qui ont provoqué des pénuries de carburant.
Les principaux syndicats ont appelé à la grève mardi dans leur plus grand défi au président Emmanuel Macron depuis qu’il a remporté un nouveau mandat présidentiel en mai.
Cela surviendra après que les travailleurs de plusieurs raffineries et entrepôts exploités par le géant de l’énergie TotalEnergies ont voté pour prolonger leur grève, au mépris d’un gouvernement qui a commencé à forcer le personnel à retourner au travail.
Les automobilistes se sont précipités pour faire le plein alors que la grève du carburant, qui a duré près de trois semaines, a paralysé l’approvisionnement d’un peu plus de 30% des stations-service françaises.
Le gouvernement, de plus en plus impatient face aux grévistes, a déclaré qu’il forçait le personnel clé à reprendre le travail.
“Le temps des négociations est révolu”, a déclaré lundi le ministre des Finances, Bruno Le Maire, à la chaîne de télévision BFMTV.
Le gouvernement a annoncé qu’il commencerait à réquisitionner les travailleurs du dépôt de Feyzin dans le sud-est de la France à partir de 14h00 (12h00 GMT) lundi, après avoir déjà utilisé la même stratégie au dépôt de Mardyck dans le nord du pays.
Les travailleurs du pétrole ont voté pour la poursuite des grèves dans plusieurs raffineries dirigées par TotalEnergies, a déclaré le coordinateur du syndicat d’extrême gauche CGT, Eric Sellini, rejetant un paquet salarial convenu entre la direction du groupe et les principaux syndicats.
Trois des sept raffineries de pétrole du pays et cinq grands dépôts de carburant (sur environ 200) sont touchés, a indiqué le gouvernement.
La grève chez Esso-ExxonMobil s’est terminée à la fin de la semaine dernière dans les deux raffineries françaises de l’entreprise, à la suite d’un accord salarial entre la direction et des syndicats modérés représentant la majorité des travailleurs.
Le retour à des conditions d’approvisionnement normales dans les stations-service prendra au moins deux semaines après la fin des grèves, a prévenu le gouvernement.
“Sévères perturbations”
Les syndicats d’autres industries et du secteur public ont également annoncé des actions pour protester contre le double impact de la hausse des prix de l’énergie et de l’inflation générale sur le coût de la vie.
Les syndicats de gauche CGT et FO ont appelé mardi à une grève nationale pour la hausse des salaires et contre les réquisitions gouvernementales d’installations pétrolières, menaçant de paralyser notamment les transports publics.
L’opérateur ferroviaire SNCF connaîtra de “graves perturbations” avec la moitié des services ferroviaires annulés, a déclaré le ministre des Transports Clément Beaune.
Les services de banlieue de la région parisienne, ainsi que les services de bus, seront également affectés, a déclaré l’opérateur RATP, mais le système de métro parisien intérieur ne devrait en grande partie pas être affecté.
Au-delà des travailleurs des transports, les syndicats espèrent attirer du personnel dans des secteurs tels que l’industrie alimentaire et la santé, a déclaré le chef de la CGT Philippe Martinez à la radio France Inter.
Sa décision lancera ce qui sera probablement un automne et un hiver tendus, alors que Macron cherche également à mettre en œuvre sa politique intérieure de relèvement de l’âge de la retraite en France.
Mais la pression économique causée en partie par l’invasion de l’Ukraine par la Russie, couplée à l’échec du parti de Macron à obtenir une majorité absolue aux élections législatives de juin, ne fait qu’augmenter l’ampleur de la tâche.
Dimanche, des dizaines de milliers de manifestants ont défilé à Paris pour exprimer leur frustration face à la hausse du coût de la vie.
La manifestation a été convoquée par l’opposition politique de gauche et conduite par le chef du parti La France insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon.
Les forces de sécurité ont tiré des gaz lacrymogènes et chargé des matraques après que des objets leur aient été lancés, tandis qu’en marge de la marche, des hommes masqués vêtus de noir ont pillé une banque.
Certains manifestants portaient des gilets jaunes fluo, symbole des manifestations antigouvernementales souvent violentes de 2018 qui ont secoué le gouvernement pro-business de Macron.
“On va avoir une semaine comme on n’en voit pas très souvent”, a déclaré Mélenchon à la foule.
Les organisateurs ont affirmé que 140 000 personnes avaient assisté à la marche de dimanche, mais la police a déclaré qu’il y en avait 30 000.
(AFP)